Syndrome du P-R court

Intervalle P-R ≤ 120 ms dans au moins deux dérivations standards en présence d’ondes P sinusales. La mesure est plus juste à 50 mm/s et dans trois dérivations simultanées orthogonales (DI, DII, V1 ou DI, VF, V2).

C’est une entité électrocardiographique en rapport avec trois phénomènes électrophysiologiques différents, classés selon la coexistence ou non de tachycardies et les données de l’ECG endocavitaire [1].

A – Un PR court physiologique se rencontre chez le nourrisson, l’enfant et parfois l’adulte. Ainsi 2% des sujets de plus de 20 ans auraient un intervalle P-R < 110 ms. D’ailleurs, la durée du PR peut se raccourcir en cas de tachycardie, lors d’une stimulation sympathique ou d’une hyperthyroïdie. Dans ce cas, l’exploration électrophysiologique révèle un intervalle A-H court (≤ 60 ms) que la stimulation auriculaire allonge avec un phénomène de Wenckebach pour une fréquence similaire à celle des sujets normaux (< 160/mn). Ce « nœud hyperdromique » est une variante ECG de la normale.

B – Un PR court peut être en rapport avec un faisceau accessoire. Il expose alors à des crises de tachycardie supraventriculaire.

  • s’il existe une préexcitation visible de type PR court-QRS larges, il s’agit d’un faisceau de Kent (cf. Syndrome de WPW) ou plus rarement de fibres de Mahaïm.
  • s’il n’existe pas de préexcitation visible, il peut s’agir de fibres atrio-nodales (fibres de James) ou des exceptionnelles fibres atrio-hisiennes (fibres de Brechenmacher) (cf. Syndrome de Lown-Ganong-Levine) [2][3].

C – Un PR court peut être une conduction nodale accélérée. Dans ce cas, l’exploration électrophysiologique révèle une conduction nodale particulière avec un intervalle A-H court (≤ 60 ms) et un incrément de A-H limité pour des fréquences de stimulation > 200/mn. Exceptionnellement, le PR peut être normal du fait d’un bloc infranodal.

 

NB. Un syndrome du PR court, sans conduction décrémentielle, expose à des réponses ventriculaires très rapides au cours de tachycardie atriale, avec risque de dégénérescence en FV [4].

 

Diagnostics différentiels

  • Un intervalle P-R court peut être en rapport avec un rythme atrial bas ou un rythme jonctionnel (AV jonctional pacemaker)
  • Un faux P-R court est parfois observé chez les patients qui ont un bloc interatrial. L’onde P est allongée ce qui raccourcit le segment PR.

[1] Laham J et Brembilla-Perrot B. Classification des syndromes de WPW d’après l’ECG de surface. In « Syndromes de préexcitation ventriculaire ». Ed. Masson 2003.

[2] Wiener I. Am J Cardiol. 1983;52(5):637-9. Syndromes of Lown-Ganong-Levine and enhanced atrioventricular nodal conduction.

[3] Ward DE, Bexton R, Camm AJ. Characteristics of atrio-His conduction in the short PR interval, normal QRS complex syndrome. Evidence for enhanced slow-pathway conduction. Eur Heart J 1983; 4:882.

[4] Moleiro F, Mendoza IJ, Medina-Ravell V, Castellanos A, Myerburg RJ. One to one atrioventricular conduction during atrial pacing at rates of 300/minute in absence of Wolff-Parkinson-White Syndrome. Am J Cardiol. 1981 Oct;48(4):789-96.