Première déflexion négative du complexe QRS. Elle témoigne de l’éloignement du front de dépolarisation de l’électrode qui l’enregistre à la phase initiale de l’activation électrique des ventricules.
Une onde Q fine s’écrit q ; une onde Q large et/ou profonde s’écrit Q. On parle d’une onde qR quand q est plus petite que R et de Qr dans le cas contraire.
La durée d’une onde q est essentielle à mesurer pour distinguer, avec d’autres critères, les ondes q/Q physiologiques des ondes q/Q pathologiques.
Les ondes q fines et peu profondes [1][2] sont généralement physiologiques
- dans les dérivations gauches (DI-VL et V4-V6), une onde q fine (< 20 ms) et peu profonde (Q/R < 1/4) correspond à l’onde q septale.
- dans la dérivation unique DII, une onde q fine < 20 ms est normale (ou < 30 ms si le ratio Q/R < 1/5).
- dans la dérivation unique DIII, un aspect QS ou une onde q < 40 ms est physiologique, si l’onde q associée en VF est < 1 mm (et l’axe du cœur dans le plan frontal entre 0 et -30°) [1]. Une onde Q DIII ≥ 40 ms et a fortiori ≥ 50 ms est pathologique. Rappelons que la dérivation VF est construite = 1/2 (DII+DIII).
- dans la dérivation unique VR, une onde Q large est physiologique.
- dans la dérivation unique V1, un aspect QS est physiologique.
- l’obésité, la position assise et le dernier trimestre de la grossesse font remonter le diaphragme, « horizontalisent » le cœur, ce qui peut faire apparaître des ondes q « respiratoires » ou « positionnelles » et simuler un infarctus inférieur.
Certaines ondes q fines sont pathologiques
- en DII et DIII, un aspect S1Q3 évoque un cœur pulmonaire aigu et en particulier une embolie pulmonaire.
- en V1(V2), une onde q fine en regard d’une grande onde R est évocatrice d’une hypertrophie VD sévère.
- de V1 à V3, une onde q fine de en regard d’ondes r rabotées ou d’un bloc de branche droit est évocatrice d’un infarctus antérieur ou une séquelle de nécrose [3].
- de V1 à V3, un aspect QS fin peut correspondre à une hypertrophie VG sévère (avec déviation vers la gauche de la zone de transition).
- des ondes q de pseudo-nécrose sont parfois visibles au cours de certaines maladies infiltratives du myocarde (Cf. Amylose cardiaque), certaines cardiomyopathies (Cf. Cardiomyopathie hypertrophique).
Les ondes Q larges
- ondes Q de nécrose : une onde Q large (≥ 0,03 sec) et/ou profonde (> 1/3 de l’onde R) ou un aspect QS dans au moins deux dérivations contiguës, doit faire évoquer l’existence d’une onde Q de nécrose et donc un infarctus en cours de constitution ou une séquelle de nécrose [2]. Dans ce cas, la spécificité augmente avec la largeur de l’onde Q (≥ 0,04 s), le nombre de dérivations impliquées (en particulier DII-VF-DIII plus spécifique que DIII-VF seules), l’existence de complexes QRS fragmentés, une déviation du segment ST ou une onde T inversée (cf. QRS modifiés par l’ischémie).
- autres pathologies : bloc de branche gauche (V1-V2 et parfois V3 ou en territoire inférieur DIII-VF mais parfois aussi en DII), préexcitation ventriculaire (cf. Onde delta), hypertrophie VG, myocardite ou pneumothorax gauche (si refoulement du cœur vers la droite ce qui rabote les ondes R en antérieur et simule un aspect QS en latéral).
Voir Ondes Q de nécrose
Video YouTube (P.Taboulet) : les ondes Q
The Minnesota Code : Si l’onde Q est divisée par une petite onde r < 1 mm au milieu, on parle d’une onde QS ; si l’onde r au milieu dépasse 1 mm, on parle de QrS. On parle également d’onde QS si l’onde r qui précède est < 0,25 mm ou si l’onde r qui succède est < 1 mm d’amplitude [1]
L’amplitude d’une onde r se calcule à la marge inférieure du trait qui termine le segment PR.
[1] Prineas RJ, Crow RS, Zhang, Z The Minnesota Code. Manual of Electrocardiographic findings. Ed Springer. 2010
[2] Thygesen K, Alpert JS, Jaffe AS, et al. ESC Scientific Document Group. Fourth universal definition of myocardial infarction (2018). Eur Heart J. 2018; 138(20):e618-e651. (téléchargeable)
[3] Wagner GS. « Marriott’s practical electrocardiography ». 12th édition. Ed. Lippincott Williams and Wilkins 2014.