Onde T normale

Signal électrique qui correspond à la phase de repolarisation rapide des deux ventricules [1]. L’intervalle entre le début du complexe QRS et le sommet de l’onde T correspond à la période réfractaire absolue. La seconde moitié de l’onde T correspond à la période réfractaire relative (ou période vulnérable).

L’analyse de l’onde T doit succéder à celles du complexe QRS et du segment ST. Elle comprend l’étude de l’axe, de l’amplitude et du contour. Au terme de l’analyse, on doit pouvoir dire si les ondes T sont normales ou en rapport avec une variante de la normale, si les anomalies observées sont mineures et non significatives, et lorsqu’elles sont significatives s’il s’agit d’anomalies primaires évocatrices d’une pathologie ou s’il s’agit de troubles secondaires de la repolarisation.

 

L’axe de l’onde T (axe de repolarisation) correspond à peu près à celui des complexes QRS (axe de dépolarisation). Son calcul fait appel à la méthode utilisée pour le calcul de l’axe des QRS. L’axe de T est en fait légèrement plus à gauche que celui des QRS, et cette différence d’axe (QRS-T environ 20° jusqu’à 45°) explique que certaines ondes T normales soient inversées par rapport à la polarité du QRS (notamment en DIII ou VL).

  • L’onde T normale est généralement positive car la majorité des QRS est de polarité positive.
  • L’onde T peut être négative physiologiquement (mais jamais profonde) si l’onde R n’est pas dominante sur S (par ex. en V1, parfois V2, DIII, VL ou VR) ou dans le précordium droit chez l’enfant et l’adulte jeune (cf. Repolarisation atypique du sujet jeune). Dans ce cas, elle n’est pas inversée et n’a pas de signification pathologique. Dans le cas contraire, on parle d’onde T inversée dont les causes sont nombreuses (Cf. onde T inversée). Les ondes T aplaties (< 0,05 mV en DI-DII ou ≤ 10% de l’amplitude de R en précordiales) ont une signification similaire [2]
  • Une onde T peut être diphasique positive/négative en précordiales droites ; néanmoins, une polarité négative/positive est anormal [2]
  • Un axe QRS-T > 45 ° est en faveur d’anomalie primitive de la repolarisation comme une ischémie coronaire.

Rappel. L’axe de l’onde T, contrairement à une cellule excitable isolé) suit l’axe des QRS car la dépolarisation de l’endocarde commence avant la dépolarisation épicardique mais se termine après elle (cf. Repolarisation).

L’amplitude de l’onde T varie physiologiquement en fonction de l’âge, du sexe et de la taille du QRS qui la précède.

  • Elle est généralement proportionnelle à l’amplitude du QRS (maximum inférieur aux 2/3 du complexe QRS et minimum supérieur à 10% de l’onde R), ce qui se traduit dans le plan frontal par une croissance-décroissance de VL à DIII (max 0,60 mV en DII, soit 6 mm) et dans le plan sagittal de V1 à V6 (max en V2 où elle peut dépasser l’onde R, mais reste en général < 1,5 mV (15 mm) chez l’homme jeune et < 0,9 mV (9 mm) chez la femme) [2]. Une onde T normale peut dépasser 15 mm en V2 ou V3 chez l’homme jeune (Cf. Repolarisation masculine).
  • Lorsqu’elle dépasse ces repères, on parle d’onde T ample dont les causes sont nombreuses (Cf. Onde T amples) [3]
  • Les ondes T aplaties ou légèrement négatives sont des indicateurs de remodelage électrique des ventricules (Cf. Surcharge ventriculaire gauche) ou de fibrose myocardique [5].

Le contour de l’onde T doit être arrondi et asymétrique avec une pente initiale moins rapide que la pente finale. Le caractère asymétrique d’une onde T est essentiel : on ne doit pas voir exactement où elle débute. Néanmoins, une forme légèrement pointue peut être une variante de la normale en cas d’anxiété et un certain crochetage est possible chez l’enfant et le sujet jeune. Un contour biphasique est généralement pathologique (ischémie coronaire, hypertrophie ventriculaire, syndrome du QT long…).

La durée moyenne de l’onde T est voisine de 200 ms (largeur de la base de l’onde T); elle n’est pas mesurée en pratique car le début de l’onde T est rarement identifiable. Cette durée est incluse dans l’intervalle Q-T qui explore l’ensemble dépolarisation-repolarisation. Plusieurs études suggèrent que l’intervalle entre le pic à la fin de l’onde T (Tp-e) peut correspondre à la dispersion transmurale de la repolarisation et qu’un intervalle Tp-e et un ratio Tp-e / QT sont associés à arythmie ventriculaire maligne.

L’onde T est parfois suivie par une petite onde U (mieux visible en V3-V4) (Cf. Onde U).

Variations physiologiques

La morphologie et en particulier l’obésité, la posture, l’age, la respiration et l’émotion peuvent faire varier la forme, la durée, l’amplitude et même la polarité des T en conditions physiologiques [4].

 

En cas de bloc intraventriculaire, hypertrophie ventriculaire, préexcitation complète, rythme ventriculaire ou rythme électro-entrainé, la polarité de l’onde T doit être opposée à la déflexion principale du complexe QRS sinon l’onde T est inversée (Cf. Discordance appropriée).

 

Onde T pathologique. La polarité de l’onde T, sa surface, sa largeur à la base etc…  sont utilisées pour reconnaitre des pathologies comme une ischémie coronaire aiguë (Cf. Infarctus ST+ subtile) ou une hyperkaliémie et de nombreuses autres maladies aiguës ou chroniques.


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