Première déflexion positive du complexe QRS. Elle traduit l’existence d’un influx de charges positives vers l’électrode qui l’enregistre à la phase initiale de l’activation électrique des ventricules.
Les valeurs normales d’amplitude et de largeur de l’onde R varient selon l’âge, le sexe, l’ethnie, la morphologie. Des valeurs pathologiques traduisent une anomalie de la qualité du muscle ou de la conduction intraventriculaire sous-jacente.
NB. Pour signaler qu’une onde R est petite, on utilise parfois une minuscule (onde r); une seconde onde R s’écrit R’ ou r’.
Dans les dérivations frontales
- La séquence de progression de l’onde R doit être harmonieuse (croissance-maximum-décroissance) de VL à DIII avec généralement un maximum en DII.
- L’amplitude de R ne doit pas dépasser 15 mm en DI, 11 mm en VL et 20 mm dans les autres dérivations [1][2].
Dans les dérivations précordiales
- L’onde R normale est fine et peu ample < 5 mm en V1 (aspect rS) chez l’adulte (cf. ECG normal).
- Elle croît de façon harmonieuse jusqu’en V4(V5), puis décroît jusqu’en V9 (aspect qR) (cf. Croissance harmonieuse de l’onde R).
- L’amplitude de R ne doit pas dépasser 25 mm en V6 et R V6 est normalement < R V5 [1].
- Le binôme de dérivations où R > S devient R < S s’appelle la zone de transition.
Variations et anomalies de l’onde R
1- Les pathologies du muscle
L’amplitude et la largeur de l’onde R reflètent l’épaisseur du muscle fonctionnel en regard de l’électrode (en l’absence de bloc intraventriculaire ou préexcitation ventriculaire) :
- quand les ondes R sont plus amples/larges qu’attendues, il faut suspecter une hypertrophie ventriculaire
- quand les ondes R sont moins amples/larges qu’attendues, on parle d’ondes r rabotées, ce qui suggère une ischémie coronaire ou une séquelle de nécrose dans le territoire antérieur ou dans le territoire inférieur (Cf. Complexes QRS modifiés par l’ischémie).
2- Les anomalies liées à la technique, les variantes et au rythme
Les anomalies de progression harmonieuse des ondes R peuvent aussi être dues à
- une erreur de position des électrodes précordiales (très fréquente),
- une variante de la normale (transition précoce avec repolarisation précoce),
- les blocs fasciculaires gauches et les blocs de branche droit et gauche,
- une préexcitation ventriculaire,
- un rythme infra-nodal
3- Le microvoltage des QRS et donc des ondes R s’observent au cours de nombreuses pathologies (Cf. Microvoltage).
4- L’onde R’
L’existence d’une onde R’ traduit un retard à la déflexion intrinsécoïde (ou retard à l’inscription de l’onde R). Ce retard s’observe :
- au cours des blocs de branche, de blocs focaux et dans certains cas d’hypertrophie ventriculaire ou de cardiomyopathie (ex. Cardiomyopathie arythmogène du VD).
- au cours d’un rythme infranodal à QRS larges (cf. Complexes QRS ectopiques, Signe des oreilles de lapin…).
[1] Hancock EW Hancock EW, Deal BJ, Mirvis DM et al. AHA/ACCF/HRS recommendations for the standardization and interpretation of the electrocardiogram: part V: electrocardiogram changes associated with cardiac chamber hypertrophy… Circulation. 2009; 119(10):e251-61. (téléchargeable)
[2] Prineas RJ, Crow RS, Blackburn H. The Minnesota Code Manual of Electrocardiographic Findings. Littleton, Ho KM Mass: John Wright-PSG Inc; 1982. (http://heart.bmj.com/cgi/content/full/84/6/582. (téléchargeable)
L’amplitude de l’onde R (signal de dépolarisation) et celle du segment ST ou de l’onde T (signaux de repolarisation) sont liées. L’analyse d’une déviation du segment ST et celle de l’amplitude de l’onde T doivent en tenir compte. Par exemple, lorsqu’une onde R est ample, un sus-décalage du segment ST jusqu’à 4 mm peut être une variante normale de repolarisation en dérivations précordiales. A l’inverse, lorsqu’une onde R est minuscule, une élévation modeste du segment ST (< 1 mm) peut traduire un infarctus ST+.