Phénomène d’interférence liée à l’activation simultanée d’une région du myocarde par plusieurs influx, ce qui donne lieu à des atriogrammes ou ventriculogrammes hybrides appelés complexes de fusion.
La fusion ventriculaire est la plus fréquente. Il peut s’agir d’une double activation ventriculaire par un influx supraventriculaire conduit par la voie nodo-hisienne et :
- une extrasystole ventriculaire, un RIVA ou une tachycardie ventriculaire
- un faisceau accessoire atrioventriculaire. Il en résulte un intervalle P-R court et une onde delta qui témoignent du syndrome de préexcitation
- un complexe électro-entraîné.
La fusion atriale est rare. Il peut s’agir d’une double activation atriale par un influx sinusal et un influx para-sinusal (ex. nœud du sinus coronaire) ou un influx provenant du nœud AV (onde P rétrograde).
En cas de rythme sinusal, le complexe QRS de fusion est précédé par une onde P avec un intervalle P-R raccourci (ex. Parasystolie). En cas de fibrillation atriale, ce signe manque.
En cas de tachycardie à QRS larges, une fusion est un excellent signe pour l’identification d’une tachycardie ventriculaire, mais pas totalement spécifique en l’absence de dissociation AV clairement établie (ondes P dissociées).
NB. En cas de bloc de branche, il peut arriver exceptionnellement qu’une extrasystole ventriculaire dépolarise le ventricule homolatéral au bloc au même instant que l’autre ventricule est dépolarisé normalement. Cela produit incidemment un affinement du QRS, précédé par un intervalle P-R raccourci [1]. On parle de « fusion normalisante ». Le diagnostic différentiel est un bloc de branche intermittent.
[1] Kanemoto N, Ide M, Homma Y, Tanabe T, Goto Y. QRS normalization of bundle branch block by ventricular fusion. Tokai J Exp Clin Med. 1984;9(4):259-261