Il peut aussi disparaître en cas de conduction supernormale.
Bloc intraventriculaire en rapport avec le blocage partiel et transitoire des voies de conduction intraventriculaire [1]. Ils donnent lieu à un ou plusieurs complexes QRS aberrants.
Ce blocage est fonctionnel, lié à des conditions électrophysiologiques particulières. Il s’observe quand un influx supraventriculaire est :
- prématuré et parvient dans une partie du faisceau de His encore en période réfractaire (cf. Bloc en phase 3, Phénomène d’Ashman)
- tardif et parvient dans une des deux branches en fin de dépolarisation diastolique lente (cf. Bloc en phase 4).
Certaines aberrations sont donc dues à une accélération de la fréquence cardiaque (cas le plus fréquent), d’autres à un ralentissement (le plus rare). De façon exceptionnelle, l’aberration peut être indépendante de la fréquence [1].
Une aberration peut se traduire par toute forme de bloc de branche (incomplet, fasciculaire, complet ou non spécifique, soutenu, intermittent ou alternant).
- en cas d’aberration liée à une accélération de la fréquence cardiaque, le bloc de branche droit est plus fréquent car la période réfractaire de la branche droite est plus longue que celle de la gauche (cf. Bloc en phase 3)
- en cas d’aberration liée au ralentissement de la fréquence cardiaque, le bloc de branche gauche est plus fréquent (cf. Bloc en phase 4).
Le phénomène d’aberration transitoire est essentiel à connaître pour expliquer certaines anomalies de forme des QRS observées à la suite d’une extrasystole atrial, d’un changement de fréquence (bloc de branche fréquence-dépendant) et reconnaitre une tachycardie supraventriculaire d’une tachycardie ventriculaire (cf. Phénomène d’Ahsman, Complexes QRS aberrants/ectopiques) [2][3]. Il peut aussi disparaître en cas de conduction supernormale.
NB. De façon marginale, n phénomène d’aberration transitoire peut survenir à l’étage atrial, généralement après une extrasystole atriale (« phénomène de Chung ») et modifier une à deux ondes P (aberration atriale).
–> Au décours d’un doublet d’ESV suivi de repos, l’onde P sinusale est normale ; puis on voit bien l’onde P bifide qui trahit le bloc-interatrial.
Vidéos YouTube : P. Taboulet
- Aberration ventriculaire (bloc intraventriculaire intermittent) (27 min)
- Aberration ventriculaire
- TV A, B, A et B ou ni A ni B
- Combien d’ESV sur ce tracé avec aberration ?
- TSV QRS larges : aberration BBG ou TV
- Challenge ECG. Rythme sinusal avec 3 types de QRS. Algorithme versus dromogramme. P. Taboulet
[1] Singer DH, Ten Eick RE. Aberrancy: electrophysiologic aspects. Am J Cardiol. 1971 Oct;28(4):381-401.
Altered QRS configuration of supraventricular beats occurring in conjunction with changes in cycle length is a well known electrocardiographic entity. It was first described by Sir Thomas Lewis,” who called it “aberration” and attributed it to abnormal distribution of the supraventricular impulse in the ventricle. Aberrancy is one aspect of the more general area of alterations of conduction related to changes in rate and cycle length, which include such varied phenomena as “concealed conduction, “supernormal” conduction and rate-related atrioventricular (A-V) block. Reentrant excitation initiated by extrasystoles introduced at selected times during the cardiac cycle can, in a sense, be considered to be still another manifestation of this type of conduction disturbance.
[2] GOUAUX JL, ASHMAN R. Auricular fibrillation with aberration simulating ventricular paroxysmal tachycardia. Am Heart J. 1947;34(3):366-373.
[3] Wagner GS. « Marriott’s practical electrocardiography ». 12th édition. Ed. Lippincott Williams and Wilkins 2014.
Cours K. Wang video (english) : the genesis of aberrant conduction