Intervalle QT. 1. Mesure

Intervalle de temps entre le début de la dépolarisation des ventricules (début du complexe QRS) et la fin de leur repolarisation (fin de l’onde T). L’intervalle QT (ou QT) correspond donc à la durée de la systole électrique du cœur.

Il reflète à la fois la qualité de la conduction intraventriculaire et celle de la repolarisation ventriculaire. C’est un marqueur électrocardiographique fondamental en électrophysiologie et en pharmacologie en raison d’un lien possible entre la durée et l’hétérogénéité du QT avec la survenue d’arythmies ventriculaires potentiellement fatales [1][7].

Technique de mesure manuelle

La mesure s’effectue au repos, dans un état physiologique stable.

  • Elle s’effectue dans la dérivation où le QT est le plus long et la fin de l’onde T la plus visible, généralement DII ou V5/V6 [2] ou parfois V3/V4 [7].
  • La fin de l’onde T peut être précisée – si besoin – par la méthode de la tangente entre la pente terminale de l’onde T la plus raide (descendante si T positive ou ascendante si T négative) jusqu’à la ligne isoélectrique qui va de la fin de T (ou U si plus basse que T) jusqu’à l’onde P suivante [3][8].
  • Les petites ondes U visibles dans ou après l’onde T ne sont pas incluses dans la mesure. Si l’onde U est proéminente et fusionne avec l’onde T, la fin de l’onde U doit être considérée comme la fin approximative de l’intervalle Q-T [4]. Vidéo P. Taboulet (19 min) : Mesure de l’intervalle QT. Technique et exercices

  • La mesure s’effectue si possible lorsque la fréquence ventriculaire est stable. En cas d’arythmie temporaire ou respiratoire, il faut attendre si possible plusieurs complexes QRS réguliers, ou sinon moyenner trois mesures de QT, car la durée de la repolarisation ne s’ajuste pas immédiatement à la fréquence cardiaque (cf. Phénomène d’Ashman). En cas d’arythmie complète, il faut moyenner plusieurs QT mesurés à des fréquences variables ou seulement deux extrêmes et calculer le QTc en fonction de chacun des intervalles R-R précédant respectifs.

La mesure optimale de l’intervalle QT pose problème par absence de standardisation. Elle est délicate, car la durée du QT varie selon les dérivations (d’environ 50 ms), la fréquence cardiaque et le tonus adrénergique. La reproductibilité n’est pas excellente surtout en cas de QT pathologique, que le QT soit mesuré par des cardiologues ou non [5]. On peut améliorer la fiabilité avec une vitesse accélérée de déroulement du papier à 50 voire 100 mm/sec.

L’adage de P. Schwartz est présent dans la tête de tous les rythmologues “one does not measure the QT interval, one looks at it“. Cela signifie que la mesure du QT ne suffit pas à estimer le risque rythmologique. D’autres éléments sont indispensables comme la variabilité du QT, la forme du segment ST et celle de l’onde T (Cf. QT long congénital), ce qui ouvre des portes à l’intelligence artificielle [11].

Technique de mesure informatique par ordinateur (algorithme)

  • Les ECG informatisés enregistrent simultanément les 12 dérivations ce qui permet un excellent alignement temporel des dérivations et un bon repérage sur écran à l’aide d’étriers numériques (calipers) du début et de la fin du QT .
  • Les valeurs du QT calculées par l’ordinateur en moyennant plusieurs cycles sont généralement fiables si le rythme et la conduction sont stables, les ondes T bien distinctes, l’algorithme performant… Dans les cas contraires, les valeurs du QT d’un même individu à des temps rapprochés peuvent être fausses ou varier notablement d’un tracé à l’autre ou d’un algorithme à l’autre… Comme pour la biologie automatisée, un algorithme automatique rend “toujours” un résultat, même faux… (Cf. Intervalle QTc).
  • Pour ces raisons, les valeurs de QT mesurées automatiquement par ordinateur doivent être validées par l’utilisateur. L’emploi d’un ordinateur n’est pas recommandé dans les études cliniques [6].

Valeurs théoriques

La valeur théorique du QT dépend du sexe, de l’âge et surtout de la fréquence cardiaque. Le QT est discrètement plus long chez les femmes jeunes (au moins 10 ms surtout avant 40 ans) et augmente légèrement avec l’âge (valeurs normales similaires chez les hommes et femme âgées). Mais surtout, il se raccourcit quand la fréquence cardiaque augmente et vice versa. Pour interpréter un QT, il faut donc le comparer à une norme ou aux valeurs observées à une fréquence cardiaque similaire. Pour cela, on peut:

  • normaliser le QT à l’aide d’une formule mathématique qui transforme la valeur du QT mesuré à une certaine fréquence cardiaque en une valeur “corrigée” (normalisée) à une fréquence cardiaque de 60/min [QTc = f(QT)]. Le QT corrigé (QTc) est la méthode de référence (cf. Intervalle Q-T corrigé).
  • comparer le QT mesuré avec les valeurs moyennes obtenues chez les 5000 patients de la population de Framingham (cf. Figure) [12].
  • comparer le QT mesuré au QT théorique donné par les réglettes médicales en fonction de la fréquence du patient. C’est une méthode de débrouillage actuellement abandonnée avec l’essor des “calculateurs en ligne”. Une valeur supérieure à 12% du QT théorique doit faire craindre un intervalle QT long.

Les sites web ci-dessous permettent de calculer le QTc à l’aide de la valeur mesurée du QT et soit la fréquence cardiaque soit l’intervalle R-R qui précède le QT (mieux).

 

Les complexes QRS larges prolongent artificiellement la valeur du QT qui inclue par définition la durée des QRS dans la mesure.  Une méthode d’ajustement devient nécessaire pour l’interprétation du QT (abaques incorporant la durée des QRS ou l’intervalle JT) Cf. Intervalle QT et QRS larges.

 

Intervalle JT [9][10]

 

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