Les erreurs dans la position des électrodes des membres ou des électrodes précordiales sont fréquentes et compromettent l’interprétation, soit parce que les dérivations n’explorent plus exactement la région souhaitée (erreur dans les mesures d’indices d’hypertrophie, dans l’analyse du segment ST…), soit parce qu’elles génèrent des fausses anomalies (fausses ondes Q, repolarisation Brugada, erreur d’axe du cœur…) [1][2][3][4].
L’inversion des électrodes des membres
Elle est fréquente (presque 5% des cas !). Elle doit être suspectée devant l’existence d’au moins un des critères suivants :
- a) en DI : une onde P inversée suivie par un QRS-T négatif (et qui ne ressemble pas au QRS-T positif en V6) ;
- b) en DI, DII ou DIII : une dérivation plate avec des QRS microscopiques ;
- c) en DIII : un P-QRS-T tout négatif.
Toute lecture d’ECG doit commencer par rechercher une inversion d’électrodes frontales. Elle est parfois très difficile à repérer (inversion BG et JG, fibrillation atriale). Des critères permettent de deviner quelles électrodes ont été interchangées [3].
- L’inversion des électrodes des poignets (bras) est la plus facile à repérer. Elle est détectée par l’existence d’une onde P DI inversée. Le P-QRS-T DI est généralement négatif et ne ressemble pas au QRS-T V6. DII et DIII sont inversées et donc VF reste inchangée (car la rotation des deux poignets conserve l’axe de symétrie). De plus, les polarités des QRS en VR et VL sont souvent inversées (car VR et VL ont permuté) [6].
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- L’inversion des électrodes poignet (bras) droit et jambe gauche est détectée par l’existence de P-QRS-T tout inversé en DII (car DII est sur l’axe de PD et JG). Comme la rotation se fait autour de l’axe de symétrie de VL (perpendiculaire à DII), VL reste inchangée; DI et DIII permutent et sont inversées; VR et VF permutent.
- L’inversion des électrodes poignet (bras) gauche avec jambe gauche modifie peu l’axe des ondes P et des QRS. Elle est souvent indétectable, par l’homme comme par les algorithmes [5]. Un aspect tout négatif de DIII (P-QRS-T) est évocateur, mais peu spécifique. L’existence d’une onde P DI plus ample que P DII renforce cette hypothèse. Par ailleurs, les dérivations DI et DII et les dérivations VF et VL sont interchangées, la dérivation VR reste inchangée (Cf. Inversion BG et JG).
- L’inversion des électrodes poignet gauche ou poignet droit avec la jambe droite se traduit par la nullité de la dérivation DIII ou DII respectivement.
- La double inversion poignets et jambes de chaque côté se traduit par la nullité de la dérivation DI.
- La triple inversion par rotation “en manège” des électrodes (PG avec PD, PD avec JD, JD avec PG) entraine DI = DIII; DII = – DI; DIII = – DII; aVR = aVL; aVL = aVF; aVF = aVR. Voici un beau cas clinique de Carrousel [7].
- L’inversion des électrodes des jambes n’a pas de traduction sur l’ECG car la translation à droite de l’électrode de jambe gauche ne modifie pas suffisamment le triangle d’Einthoven et la position sur le corps de l’électrode de jambe droite n’au aucune importance (elle sert de “relai à la terre”). Cette inversion est fréquemment associée avec l’inversion des électrodes de poignet (gauche versus droite).
En fibrillation atriale le diagnostic peut être difficile car pas d’ondes P négatives en DI pour nous alarmer. D’où l’importance de verifier les 12 règles de l’ECG normal, et en particulier que les QRS DI ressemblent à V6 et ceux de VR ressemblent à V1) (Cf. Quiz amusant [8], Quiz apprentissage par l’erreur).
L’inversion des électrodes précordiales
Elle est détectée par l’absence de progression harmonieuse des ondes R de V1 à V4(V5) ou n’importe quelle dysharmonie dans l’évolution des QRS de V1 à V6.
Une aide au repérage du mauvais positionnement des électrodes par les algorithmes d’interprétation ou “machine learning” est possible [5]
Pour tout comprendre (en anglais), lire ci-dessous et sur le site web [6]
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